Aujourd’hui, restons dans l’univers de Tim Burton avec Big Fish.

Le synopsis du film

Confronté à la mort imminente de son père, un fils reprend ce qu’il sait de la vie de son père et cherche à séparer la vérité de la fiction.

Ma critique du film

Ceux qui lisent ce blog l’auront compris, j’apprécie le travail de Tim Burton. Et si Big Fish n’est pas mon film préféré, je trouve que c’est un des films les plus poétiques de Tim Burton. Ce film est à la fois sentimental et drôle, magnifiquement interprété par Ewan McGregorJessica Lange et Billy Crudup qui sont selon moi les trois meilleurs rôles du film.

Le film est un parallèle de trois lignes de vie différentes : la ligne de vie du père, Edward Bloom (Albert Finney), dans son récit de sa jeunesse, la ligne de vie du fils, le jeune William Bloom enfant (Billy Crudup) alors que son père lui compte ses aventures passées et pour finir la ligne de vie de l’adulte William Bloom alors qu’il cherche à réconcilier la vision qu’il a de son père avec la réalité.

C’est de ces parallèles que nait l’émotion du film selon moi, car nous découvrons la vision cruelle que le fils a de son père et nous la voyons s’étioler petit à petit alors qu’il se réconcilie avec celui-ci. C’est un conflit humain, et bien que la situation ne parle pas forcément à tous, il est tout de même facile de s’identifier à celle-ci.

Ce qui me plait particulièrement dans ce film ce sont les visuels : les couleurs, les décors et les lumières créent immédiatement des ambiances pour le spectateur qui rendent attachant les personnages et vivante l’histoire.

En conclusion c’est un film que je recommande à tous ceux qui aiment les visuels burtoniens, à consommer sans modération et pour la plupart avec une boîte de mouchoirs.

Les costumes de Colleen Atwood

Plutôt que de respecter l’ordre d’apparition des costumes dans le film, je vais classer les costumes selon les trois lignes de vie du film.

  • La vie du jeune William et le lien avec son père

Cette partie sera la moins conséquente, puisque c’est finalement celle que l’on voit le moins. Dès le début, nous rencontrons le jeune William, fasciné par les histoires de son père, que celui-ci lui raconte le soir avant de s’endormir. Les vêtements sont peu visibles, car c’est le contenu qui compte ici, mais l’on peut déjà remarquer que le jeune William est plus assorti aux couleurs de sa chambre qu’à son père, et que le père est dans l’ombre, dans un costume bleuté et peu éclairé, comme symbolisant le fait qu’il ne se dévoile pas réellement tel qu’il est.

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Puis il grandit et nous le retrouvons autour d’un feu de camp avec de jeunes scouts. Son père est toujours là, habillé comme les autres, à raconter ses histoires, mais William reste en écart et n’y croit déjà plus.

Un peu plus tard, il se prépare pour son bal de promo, tandis que son père subjugue sa cavalière dans une autre pièce. Ici William est habillé de couleurs sombres pour le bal, et est donc dans les mêmes couleurs que son père, mais lui est dans un style habillé, tandis que son père est dans un style décontracté.

Pour finir, nous le découvrons à son mariage où il ne supporte plus le comportement de son père. Toujours dans la même tenue qu’à la scène précédente, on sent qu’il ne peut plus évoluer dans son opinion de son père, qui est pour l’occasion habillé dans le même registre que lui.

C’est également à cette occasion que nous découvrons la mère de William, femme élégante et douce et sa femme (Marion Cotillard), qui écoute patiemment le père dans sa robe blanche.

Nous retrouvons plus tard le petit William, à nouveau dans son lit à écouter son père : les costumes sont datés des années 70. Les deux personnages sont habillés de rayures et dans des couleurs assez proches.

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Plus tard, à nouveau dans son lit, le petit William est dans des couleurs claires, alors que son père est de nouveau vêtu de couleurs foncées : comme si en fonction de la crédibilité de l’histoire, le petit garçon acceptait de croire ou non.

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On peut également noter que cette partie est la moins “chatoyante” du film. Aux couleurs passées, elle montre le décalage avec le présent, tout en expliquant le fondement du présent de William.

  • La vie d’Edward Bloom dans le passé et les fantaisies qui l’entourent

C’est la partie la plus riche de ce film puisqu’il s’agit du récit qui crée le conflit initial.

La première image que nous découvrons est très simple : c’est le personnage dans un lac qui pêche : le poisson est en effet un autre fil conducteur du film.

Edward n’est pas habillé pour pêcher : il porte un costume très neutre, sombre, correspondant à l’image du père sans visage que nous avons vu dans les premières scènes. Il est couvert, on ne distingue pas bien sa silhouette : c’est le début de la découverte réelle du personnage. Assez rapidement nous voyons qu’il est habillé de bleu et de noir, dans des vêtements peu marqués dans le temps.

Puis nous revenons à la genèse de celui-ci : dans une ambiance plus ancienne, nous voyons une naissance extraordinaire, au milieu d’infirmiers et de médecins du début du XIXe siècle.

Après ce démarrage surprenant, nous avançons dans l’enfance d’Edward avec sa rencontre avec la sorcière : là encore, le personnage n’est pas réellement défini : nous le voyons habillé sombre, dans une ambiance sombre, entouré de personnages dont seuls les visages sont distinguables clairement.

Sa rencontre avec la sorcière est déterminante pour la suite de l’histoire, et c’est entre autres celle-ci qui va lui forger le caractère pour le reste de sa vie.

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Après cette scène, nous faisons un bref passage à l’église, dans des images qui atténuent grâce à l’ensemble des individus aux vêtements assez différents et assez colorés. Mais jusque là, Edward reste sombre, comme si sa personnalité n’était pas encore éclose.

Les scènes qui suivent le présentent comme un caméléon : il s’habille en vert lorsqu’il s’occupe des pelouses ou en rouge pour accompagner son équipe au basket, par exemple.

Mais c’est réellement au moment de sa première grande mission que les couleurs qu’il va conserver par la suite se révèlent : le rouge et le bleu sont des couleurs qui vont l’accompagner dans presque l’intégralité de ses aventures.

Durant toutes ses scènes, les habitants qui l’entourent forment des ensembles, sans réellement se distinguer les uns des autres, mais néanmoins avec des couleurs variées.

Le costume du géant (qui est très réussi dans la scène de caverne), est neutre, aux couleurs de la terre, comme un décor ramené par Edward et qui lui permet simplement de se mettre en avant.

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C’est néanmoins avec lui qu’Edward va choisir de partir de sa ville, à la découverte du monde, avec un costume qui fait un clin d’oeil aux premiers aviateurs dans la silhouette et un sac à dos de voyage. Pour le reste, Edward garde le rouge et le bleu qui lui sont chers.

C’est dans cette tenue qu’il va traverser une période sombre, de nuit et de danger, avant de se retrouver dans un village au goût de paradis.

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Dans le village, les habitants sont tous vêtus de blanc, dans des vêtements simples, en coton et ne portent pas de chaussures. Ce sont ces costumes qui donnent à la scène une impression de ville fantôme (aidés des maquillages, bien évidemment). Bien que quelques couleurs soient visibles, le contraster entre la majorité de blanc des costumes, et les couleurs vives du décor contribuent à une impression étrange, qui ne semble pourtant pas déranger Edward.

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Une fois que le jeune homme décide de continuer son chemin, il se retrouve dans un cirque. D’abord spectateur, il se fait bien vite embaucher.

C’est dans cette période de l’histoire que les couleurs d’Edward prennent tout leur sens : le rouge correspond donc à son côté fanfaron, casse-cou, qui n’a peur de rien et n’a pas grand-chose à perdre, symbolisé ici par le cirque. Quant au bleu, c’est son côté romantique, qui rencontre la femme de sa vie à travers un coup de foudre : elle est vêtue de bleu dans une robe légère et il en tombe amoureux immédiatement.

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Après cette rencontre et son choix de rejoindre le cirque, les scènes se succèdent et les costumes aussi : rouge ou marron lorsqu’il s’entraîne pour le cirque, bleu dans les autres moments où il se donne moins en spectacle.

Mais lorsqu’il décide de séduire sa future femme, c’est évidemment le bleu qui l’emporte. Pour symboliser son côté pur, elle a quitté sa robe bleu ciel et s’est parée de blanc. Et quelques soient ses tenues, elle a toujours une part de blanc sur elle : toute blanche dans la première scène où elle découvre l’amour d’Edward, blanche et rouge lorsqu’il la fait rougir devant ses camarades, et blanche et bleue lorsqu’elle commence à se laisser séduire (elle se rapproche donc de ses couleurs).

Le jour où il va terminer de la convaincre, alors que lui est dans un champ de narcisses, dans une couleur nouvelle, qui est à eux deux une fois mélangés, lui est en bleu marine, dans un costume élégant, elle est dans une robe très similaire à celle du début, bleu ciel, prête à céder …

Don Price, le fiancé (à ce moment-là) de Sandra, est en gris ; ni en accord avec sa fiancée ni en accord avec les fleurs qu’elle aime tant : il est évident qu’il n’est pas fait pour elle.

C’est un Edward heureux, mais à l’hôpital que nous retrouvons ensuite. Et puisqu’il ne peut pas porter ses couleurs, c’est Sandra qui remet sa robe bleue pour le faire à sa place.

Et c’est d’autant plus important qu’il va devoir à ce moment-là abandonner ses couleurs pour revêtir l’uniforme de l’armée.

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Étrangement, c’est au moment où il se retrouve derrière les lignes ennemies qu’Edward va se faire de nouveaux alliés : dans un théâtre coréen, il découvre les deux soeurs siamoises, dont le costume rouge rappelle les alliances d’Edward et du cirque.

 

À l’autre bout du monde, l’armée apprend à Sandra que son fiancé a disparu. Et c’est vêtu d’une robe également rouge, très marquée années 50, qu’elle accueille la nouvelle “sanglante”.

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Petit à petit la douleur initiale s’estompe, et c’est dans une robe rose clair que nous la retrouvons par la suite. C’est ainsi qu’elle accueille Edward, de retour contre toute attente de la guerre.

Une nouvelle carrière s’offre alors à Edward : bien habillé, il laisse sa femme enceinte dans leur maison et voyage en tant que vendeur de porte-à-porte dans l’ensemble des États-Unis. Les populations qu’ils croisent sont variées.

Quant à lui, parti à l’aventure sur une moto, vêtu de marron, il prend rapidement de l’assurance et peut s’offrir une très belle voiture rouge.

À son arrivée au Texas, il retrouve le poète Norther Winslow (Steve Buschemi) qui vient braquer une banque. À ce moment-là, Edward est vêtu de gris, puisqu’il n’il se sait pas quel parti prendre : il est pris au dépourvu et son costume reste par conséquent neutre. Le poète, en revanche, est vêtu d’un costume marron, ce qui en terme de couleur est l’inverse du blanc qu’il portait dans le village de Spectre.

Et paradoxalement c’est après cette rencontre qu’Edward va retourner à Spectre. De même que sa vision de la ville a changé, sa tenue a changé : la ville est sombre, salle, et lui-même ne porte plus de couleurs vives, il est à présent assorti aux décors et aux habitants.

Et comme il réussit à convaincre tous ceux qu’il croise, leurs costumes sont tous assortis à lui-même, pas forcément dans la même teinte, mais néanmoins cohérents entre eux.

La dernière qui reste à convaincre, et à aider, et la jeune Jenny. Ses tenues ne sont pas sans rappeler celles de Sandra, mais dans un style moins féminin, et plus enfantin : et c’est la manière dont Edward la voit.

C’est son côté printanier qui rappelle à Edward qui il est, et bien que toujours en costume, c’est un costume bleu qu’il porte quand il est avec elle. Et Jenny, comme la vieille femme, est un personnage déterminant de la vie d’Edward. Il est donc normal qu’elles aient toutes deux une incidence sur son costume et le récit de la vie fantaisiste d’Edward se termine avec la personne qui avait déterminé son début.

  • La vie de William adulte et sa réconciliation avec son père

Cette partie est le fil conducteur du fil. Beaucoup plus discrète que la précédente, elle est la raison de l’existence de celle-ci.

Après l’introduction de son passé, nous avons compris que William ne pardonne pas à son père son comportement et qu’il ne souhaite pas communiquer avec celui-ci.

Les premières images nous montrent un jeune homme occupé, habillé de manière professionnelle, mais pas stricte (il porte un jean par exemple avec sa chemise et sa veste) et neutre : il accueille la nouvelle de l’état de santé de son père dans une tenue grise.

Sa femme est en retrait : elle est vêtue de noir, elle n’a pas un grand rôle à jouer pour le moment.

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Arrivé chez ses parents, William est déjà en tenue d’enterrement : veste noire, chemise noire, et cravate blanche. Il porte tout de même un jean, mais qui a peu d’impact ici et correspond plus à sa personnalité générale qu’à la scène.

Sa mère, heureusement, a une tenue plus printanière, moins fataliste et sa femme a mis une écharpe de couleur, également dans un esprit plus positif.

Plus tard dans le film, alors qu’ils se retrouvent à table tous les quatre, les tenues n’ont guères changé : si ce n’est que William a troqué sa veste d’enterrement contre un pull couvrant. Mais la couleur qu’il a choisie laisse penser qu’il y a une possibilité d’évolution dans la relation entre les deux hommes : le bleu qu’il arbore est celui de son père dans l’histoire.

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Plus tard, c’est Joséphine, la femme de William, qui va cherche à se rapprocher de son beau-père : elle transforme sa tenue noire en une tenue blanche et pêche dans des tons donc beaucoup plus doux et innocents.

C’est une tenue qu’elle garde alors qu’elle est rejointe par son mari et sa belle-mère. Cette dernière a changé ses fleurs en se vêtissant d’une robe bleue, tandis que William a remis son pull sceptique : le pull gris.

Puis vient la scène de la salle de bain où un Edward sombre dans un pyjama gris cherche à consoler sa femme, dans sa robe bleue. À noter que les motifs de la robe donnent un côté “écaillé” à la tenue qui se rapproche donc de la trame de fond autour du poisson (et justifie aussi le fait qu’ils finissent tous deux dans l’eau).

Lorsque William décide de se rendre chez Jenny, il est à nouveau vêtu de bleu : plus ouvert, mais couvert, donc méfiant, il cherche avant tout à savoir la vérité.

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Dans cette scène de fin où William retrouve son père à l’hôpital et finit par lui-même lui raconter une histoire, il est vêtu de blanc. Cette chemise symbolise à la fois l’innocence que William a retrouvée face aux histoires de son père en en racontant lui-même une, mais également un thème plus large autour de l’eau avec cette couleur que l’on donne généralement aux vêtements des baptisés (donc passés par l’eau). Dans tous les cas, il n’est plus question de noir, de couleurs sombres, William a accepté son père tel qu’il est.

Et Edward dans cette scène est en gris : il n’a plus vraiment de rôle à jouer, il n’est plus le narrateur et va simplement se laisser glisser dans l’eau comme ce poisson qui prendra donc la même couleur que lui.

Autour d’eux, les personnages aux couleurs vives s’alternent : avec une majorité de rouge et blanc dans l’assistance, c’est une Sandra dans une très belle robe rose printanière qui l’accueille dans l’eau. Ce changement de couleur majoritaire est pour moi le signe que l’histoire n’est plus racontée par le père, mais par le fils. De plus, cela crée une différence entre le monde des vivants et le monde des morts (ou de l’eau), dont il va faire bientôt partie.

Dans l’eau également puisqu’il n’y amène, William laisse partir son père et se retrouve dans la même situation que celui-ci au début du film, mais dans une chemise blanche, pour symboliser, selon moi, sa transformation.

À l’enterrement, bien que le noir prédomine, les couleurs rouges et bleues sont présentes, notamment dans la veste de Sandra, qui a mis une tenue exceptionnelle pour mettre en terre un homme exceptionnel.

Pour finir, dans la dernière scène, les vêtements sont très peu visibles, mais les couleurs sont vives dans la scène d’une manière générale : c’est un renouveau dans la vie de William alors que lui-même a un fils et comprend mieux son père.

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